« Once Upon a Time… in Hollywood » raconté par Tarantino et ses acteurs
Le réalisateur Quentin Tarantino, les acteurs Brad Pitt, Leonardo DiCaprio et l’actrice Margot Robbie ont raconté mercredi à Cannes leur expérience lors du tournage de « Once Upon a Time… in Hollywood », projeté la veille dans le festival où il est en lice pour la Palme d’or.
. Pourquoi Tate et Polanski ?
Dans le film, Tarantino fait de la regrettée Sharon Tate un personnage secondaire. Un parti pris qu’il justifie pour deux raisons.
« J’ai décidé de faire de Sharon (Robbie) et Polanski des voisins de Rick (DiCaprio) d’abord parce que ça me permettait de créer un ressort dramatique. On sait qu’il va se passer quelque chose au bout de cette rue. Ensuite, Sharon et Roman représentent un Hollywood inatteignable pour Rick. Or c’est quelque chose de fréquent là-bas, que de voir ainsi se côtoyer le succès et l’échec, la gloire et le déclin. Dans mon film c’est métaphorique et littéral », explique-t-il.
« Sharon était une comédienne très gracieuse, c’est ce que j’ai voulu faire ressortir. Je n’ai jamais envisagé de la montrer autrement. Elle aurait pu devenir une actrice merveilleuse. D’ailleurs, sans le veto des producteurs, Polanski l’aurait castée pour +Rosemary’s Baby+, et Warren Beatty m’a dit aussi qu’elle fut proche d’être sa partenaire dans +Bonnie & Clyde+ ».
. Ecrire pour Brad, Leo, et Al
« J’ai pensé immédiatement à Leonardo et Brad. Allais-je les avoir à disposition ? Je ne le pensais pas, c’est pourquoi je m’estime le plus chanceux des réalisateurs. D’ailleurs, si je devais choisir entre avoir une deuxième Palme d’Or et les voir être récompensés d’un double Prix d’interprétation masculine, je prendrais la seconde option », affirme Tarantino.
« Faire tourner Al Pacino était aussi émouvant. J’ai écrit spécialement pour lui le personnage du producteur Marvin Schwarz. Je rêvais de l’entendre prononcer les mots que j’avais écrits pour lui. »
. Recréer L.A.
L’autre personnage principal du film est le Los Angeles de 1969 que Tarantino a choisi de reconstituer sans avoir recours aux effets spéciaux numériques, « sinon pour effacer certains éléments trop contemporains ». « Je ne crois pas que quelqu’un pourra refaire ce que j’ai eu la chance de faire. Dans trois ans, L.A. aura encore tellement changé qu’une reconstitution numérique sera nécessaire ».
« Les moments magiques pour moi c’est quand on tournait quasiment au même endroit où mes parents vivaient quand ils sont arrivés à Los Angeles et que Quentin a reconstitués à l’identique », confie Leonard DiCaprio.
. Le regard d’un enfant
A propos de la mélancolie qui traverse son film, Tarantino estime qu’il était « la personne parfaite pour raconter cette histoire ».
« Si un autre réalisateur avait été adulte en 1969, il aurait raconté l’histoire différemment. J’avais 6 ans à l’époque. Je me rappelle de tout, des émissions de radios qui passaient, des gens qui les écoutaient fort. Les télévisions étaient tout le temps allumées. J’ai absorbé comme une éponge ce spectacle quotidien », dit-il.
« Pour moi les plans les plus empreints de nostalgie sont ceux où Brad conduit dans la ville. Mon beau-père avait une voiture similaire et la façon dont il voit la ville était la mienne quand j’étais dans cette voiture. »
. Quentin vu par ses acteurs
Pitt: « C’est peu de dire que Quentin vit intensément le cinéma. Sur le plateau, il a la même exubérance, la même joie. Il nous a raconté tellement d’histoires sur chacun de nos personnages, on n’avait qu’à entrer dedans… »
Robbie: « Je crois que plus qu’aucun autre réalisateur, il est celui qui célèbre le mieux le genre et le subvertit en même temps. »
DiCaprio: « Il a l’intelligence de laisser place à l’improvisation, même si ses dialogues sont comme la Bible de ses films. Et être avec Quentin, c’est comme être avec l’employé du vidéo-club dans +Clerks+. On sait qu’on va trouver le trésor inconnu. »