Election historique de deux femmes au gouvernement
L’élection de deux femmes au Conseil fédéral a été saluée comme « historique ». Le monde politique suisse n’a toutefois pas manqué de souligner les qualités des deux nouvelles conseillères fédérales Viola Amherd (PDC/VS) et Karin Keller-Sutter (PLR/SG).
Seul homme en course, Hans Wicki explique sa défaite par un mauvais timing. « L’Assemblée fédéral avait de toute façon décidé d’élire deux femmes », souligne le conseiller national Dominique de Buman (PDC/VS).
Un choix qui a été très largement salué. « On est très reconnaissant pour la Suisse et pour les femmes », a souligné Adèle Thorens (Verts/VD), tandis que du côté de l’UDC ont est également très content de « l’effet femmes », selon Jean-Pierre Grin (UDC/VD).
La représentation des femmes ne devrait cependant pas à chaque fois être un combat, mais une évidence, selon la co-présidente de l’organisation féminine Alliance F Maya Graf (Verts/BL). Mme Graf demande donc que la « concordance des sexes » soit un critère dans l’élection au Conseil fédéral, au même titre que la représentation des cantons.
Deux élues à l’unisson
Seule surprise de la journée, l’élection éclair de Viola Amherd. Le duel attendu avec Heidi Z’graggen n’a pas eu lieu au grand regret de l’UDC qui a majoritairement voté pour elle, car la Suisse centrale n’a pas été représentée depuis longtemps au Conseil fédéral, a rappelé Albert Rösti, président de l’UDC.
La nouvelle conseillère fédérale explique son bon résultat par son authenticité. Pour l’instant, ce qui l’a le plus surpris est la prestation de serment lorsque l’autre conseillère fédérale fraîchement élue, Karine Keller-Sutter, et elle ont dit exactement au même moment « Je le jure ». « J’espère que c’est un bon présage pour notre collaboration ». Elle souhaite s’investir de manière constructive au sein du gouvernement.
Une délégation valaisanne a fait le déplacement à Berne pour l’élection de Mme Amherd. « Le Conseil fédéral accueille une personne avec beaucoup d’expérience politique », a déclaré Esther Waeber-Kalbermatten, présidente du gouvernement valaisan. « C’est un grand moment pour le Valais! », s’est enthousiasmé Franzisca Biner, présidente du PDC du Haut-Valais.
Le président du PDC Gerhard Pfister s’attend déjà à ce que Mme Amherd devienne la locomotive du parti à une année des élections fédérales.
Z’graggen « heureuse »
Heidi Z’graggen a gardé le sourire malgré la défaite: « Je suis aussi heureuse aujourd’hui. Je voudrais d’abord féliciter les nouvelles élues au Conseil fédéral. Je suis fière d’avoir trois femmes au gouvernement », a-t-elle déclaré.
L’Uranaise ne jouissait pas des mêmes appuis à Berne que Mme Amherd. « Il aurait fallu avoir une bonne raison pour ne pas élire quelqu’un qu’on connaît et avec lequel on collabore depuis des années », souligne le politologue Louis Perron.
Selon Louis Perron, le gouvernement ne devrait pas faire de grande correction dans son orientation politique. Avec trois femmes, l’énergie et la manière d’aborder les dossiers pourraient changer, mais pas le contenu.
« Tout est irréel »
Pour sa première interview Karin Keller-Sutter était submergée par l’émotion. « Tout est irréel: cette tension durant des semaines et tout à coup nous y voilà. » Avant l’élection, elle était très calme. « Mais quand on entend le nom… je ne peux toujours pas y croire. » Contrairement à sa campagne d’il y a huit ans, elle a tout fait différemment, a révélé la St-Galloise à SRF.
S’il y avait peu de doute sur son élection, de nombreux observateurs ont toutefois salué les mérites d’Hans Wicki qui n’a pas démérité. Le format politique de Karin Keller-Sutter était tellement convaincant, que « cela a été impossible pour lui », explique le président du PS Christian Levrat. C’était « courageux » de la part du Nidwaldien de se présenter à cette élection, a relevé le conseiller national Christian Lüscher (PLR/GE).
Déception en Suisse centrale
La présidente du PLR Petra Gössi s’est enthousiasmée du choix historique de deux femmes, mais la Schwyzoise a toutefois confié que « son coeur de Suisse centrale saignait ». Pour Hans Wicki, « l’heure n’était pas encore venue pour la Suisse centrale ». Il espère que sa région aura une place au Conseil fédéral lors de la prochaine élection.
Du côté d’Uri, la déception était palpable avec la défaite d’Heidi Z’graggen. Le président du gouvernement cantonal Roger Nager (PLR) se réjouit toutefois se félicite toutefois qu’avec la Haut-Valaisanne, ce soit également une femme d’un canton alpin qui ait été élue.
L’ex-conseiller national PLR uranais Franz Steinegger se montre pragmatique. Uri vit depuis 1848 sans conseiller fédéral et va continuer à survivre. Avoir placé une candidate du cru sur un ticket officiel pour le Conseil fédéral est le plus haut sommet jamais atteint jusqu’ici. Il félicite la nouvelle élue.
Source ATS